Presse

19/11/2018

AD magazine, 19/11/2018
Explorer la pureté des formes

Par Osca Duboÿ

Cette semaine, on découvre les céramiques de Taizo Kuroda à la Frontiera – on explore Marazzi en images – […]
C’est tellement fin qu’on se demanderait comment ils tiennent debout... D’ailleurs Taizo Kuroda se plaît parfois à entailler la partie supérieure de ses propres vases en céramique. Ils sont invariablement blancs immaculés : tout juste peut-on sentir le grain de l’argile laissée volontairement sans émail comme le veut la tradition yakishime. Depuis Londres, le galeriste Tristan Hoare a été invité par la Frontiera à les exposer à Paris, selon le souhait de l’artiste qui entretient un rapport particulier avec la capitale pour y avoir séjourné à ses débuts. C’est là que sa vocation est née, avant que qu’il ne rentre au Japon pour explorer la pureté des formes […]

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Taizo Kuroda, Untitled 27<br>© Yakishime Porcelain, 2016
Taizo Kuroda, Untitled 27
© Yakishime Porcelain, 2016

07/11/2018

Paris Capitale, 11/2018
Taizo Kuroda

Par Anne Kerner

Kuroda a voyagé du Japon à Paris en 1966 pour son initiation artistique. Depuis son retour au Japon en 1981, il a eu peu de contact avec la France, mais a toujours rêvé d’y exposer. Taizo Kuroda est l’un des plus importants artistes japonais de céramique contemporaine. A la recherche de formes inhabituelles de design, il est captivé par la beauté de la porcelaine blanche du Japon et a commencé à travailler cette matière en 1992. Il invente ainsi des vases, des bols, des formes d’une simplicité merveilleusement sereine qu’il présente enfin en France.

06/11/2018

Le Corridor de l'art, 06/11/2018
Arrêter les vagues, exposition de Guillaume Krattinger : apparition, captation d’un mouvement, vers des projections mentales

Par Pauline Lisowski

Guillaume Krattinger développe un travail plastique sur la perception des paysages. Il explore les lieux abandonnés, les périphéries, les déchets et la nature qui résiste et envahit parfois l’architecture, des espaces qui témoignent de l’état du monde, d’une histoire qui laisse des marques. Un moment, une lumière, des « matières chargées de sens », l’incitent à appuyer sur le déclencheur de l’appareil photo. Il s’attache à révéler ce qui est caché. L’image nécessite une attention particulière et se livre par étapes, conduisant le visiteur à prendre le temps de se déplacer.

Ses photographies en noir et blanc présentent des textures, des traces, des matériaux, un vocabulaire de signes qu’il observe durant des situations dont il est témoin. Guillaume Krattinger offre des possibilités de regarder différemment les images, et propose, à travers cette démarche, une expérience plus émotionnelle/perceptive/ressentie de la photographie. Il cherche à ce que le médium et le dispositif résonnent en harmonie avec ce qui habite l’image. Les photographies de sa série intitulée Fantômes sont légèrement ondulées, prenant leur place dans l’épaisseur du cadre. Ce qui incite le spectateur à se déplacer pour les saisir en entier. Elles tendent vers la sculpture, impliquent un déplacement et une multiplicité des points de vue. Elles semblent également vibrer et suggèrent d’autant plus des apparitions à venir. Dans deux autres photographies, ambrotypes, Guillaume Krattinger a capté la lumière qui révèle un arbre, pris dans un mouvement. Il affirme d’ailleurs : « ce qui nous entoure renferme et laisse échapper des agencements de formes aux allures loquaces, des sculptures latentes, des signes. Tout se joue à cet instant, dans l’interprétation du monde, là où l’œil métamorphose le réel. » Ses photographies contiennent du temps, la possibilité d’un changement et d’une métamorphose.

Cette volonté de suggérer une animation dans ses images, une énergie des éléments se retrouve dans ses sculptures. Au sol, Arrêter les vagues, réalisée en plâtre vernis noir, n’a pas fini de se laisser découvrir en fonction de notre déplacement et des rayons de lumière qui jouent avec les vides et les pleins. Cette sculpture évoque un bouillonnement, un phénomène naturel, en attente. Son titre renvoie à une tentative quasi absurde de vouloir maîtriser la force des éléments de la nature.

Suspendue à hauteur du regard du spectateur, la sculpture Raffinerie incite à s'interroger sur ses matériaux. L'artiste cherche à troubler le spectateur. Il l'oblige à tourner autour de l’œuvre pour y percer ses mystères. Cette pièce fonctionne comme un dispositif de vision, dans lequel se révélerait un autre univers.

Guillaume Krattinger expérimente également diverses techniques de travail du verre pour interroger le mécanisme de la vision. Il met en tension le plein et le vide, le contenu et le contenant. Ses pièces sont composées d'une forme de tuyau qui semble à la fois rentrer et sortir de son globe. Les tubes, par trois, font penser à la fois à un outil de perception et à une forme de vie interne. Le vide permet au spectateur d’y projeter des images et de l’incarner. Une de ses sculptures est d’ailleurs face à Vision intérieure, un bois sculpté, vernis de noir semblable à un miroir dans lequel s’évader dans ses pensées, et interagit avec elle. Cette œuvre prend la lumière et mène à un ailleurs.

Ces pièces l’ont conduit à développer une sculpture en verre qui s’apparente à une sorte de machine. Trois tuyaux de verre, fixés à deux supports, appellent à leur mouvement et à l’écoulement d’un flux. Cette œuvre incarne la puissance d’une transformation d’une matière, d’un état à un autre. Deux photographies lui font d’ailleurs écho, l’une montre des traces d’un passage, des dessins, rainures sur un sol mou tandis que l’autre présente une forme circulaire, un trou noir qui inspire vers le vide… Ces deux photographies amènent le spectateur à se laisser absorber par les formes, l'intensité de contrastes de lumière et à s’imaginer des paysages.

Ainsi, de la photographie à la sculpture, Guillaume Krattinger nous convie à faire travailler notre regard. Ses œuvres renvoient à une tentative de comprendre notre environnement.

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Arrêter les vagues<br>© Guillaume Krattinger, 2017 (photo © Benoît Fougeirol)

14/06/2017

Le Figaroscope, 14/06/2017
Fragments de pierre

Par Sophie de Santis

Entre galerie d’art et espace de rencontres, la Frontiera est un nouveau lieu atypique dédié aux coups de cœur d’un groupe de quatre amis découvreurs de talents. Derrière la haute façade blanche, dans le white cube au parquet de bois ancien, on découvre cinq photographes internationaux qui travaillent autour de la déconstruction, la ruine, le fragment d’architecture. Beatrice Caracciolo, l’aventurière, a déniché l’Italo-Brésilienne Ala d’Alamo qui raconte l’histoire du travertin, la roche avec laquelle Rome a été construite. La jeune artiste observe le temps et son effet sur les matériaux et l’histoire de la ville éternelle. L’Américaine parfaitement francophile Sabine Mirlesse, est la spectatrice de la sauvagerie des laves incandescentes en Islande, du jaillissement des geysers, des brumes grises qui métamorphosent les paysages en contrées fantasmatiques. Elle capte les caprices d’un monde presque surnaturel.
Quant à Patrice de Santa Coloma, il cherche à remodeler ses souvenirs. Il est en quête de lieux habités et délaissés, abîmés par le temps. C’est à Bordeaux qu’il a pris certaines de ces photos qu’il retravaille au dessin et à la peinture. Le paysage devient abstrait. Le voyage est là.

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Sans titre<br>© La Frontiera, 2016

07/06/2017

AD, 05/06/2017
Fantasmer la pierre

Par Osca Duboÿ

Sur plusieurs étages, le rez-de-chaussée d'un grand atelier d'artiste ouvre un lieu de création. Jusque-là, rien de spécialement nouveau, si ce n'est que La Frontiera entend réellement créer un espace qui n'existe pas, de la même façon qu'une frontière ne correspond pas à un espace stricto sensu, géographiquement parlant. Certes, les œuvres sont bien à vendre mais n'allez surtout pas parler de galerie : ici on produit, on soutient, on expose l'art et notamment le livre d'art. Dans cette programmation dynamique et pluridisciplinaire, l'exposition Fragments s'affiche aux murs et aux sols. Il est question de photographie, de papier, d'installations, mais avant tout de pierres. C'est en tombant sur un petit bout de travertin à New York qu'Ala d'Amico a commencé à élaborer la série Sasso, sérigraphies au noir ou bleu qui vont chercher cette pierre blanche là où elle a laissé ses plus belles mémoires, à Rome. Originaire de la ville, l'artiste en profite ainsi pour jouer autour du vieillissement et des effets symboliques qui se dégagent du travertin à travers le passé d'une ville qui est aussi bien celle de Bernini que de l'EUR fasciste. Une notion de souvenir qui traverse plus ou moins tous les artistes exposés ici. Si Patrice de Santa Coloma la transcende et Thomas Hauser l'affronte dans sa plus pure abstraction, avec tous les moyens que la photographie ou le cinéma lui offrent pour trafiquer un détail plastique, cette présence minérale qui reste anime tous les autres univers. Sabine Mirlesse y décèle un lyrisme presque involontaire, Guillaume Krattinger la métamorphose... Et nous la fantasmons grâce à eux.

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24.02.16<br>© Ala D'Amico, 2016
24.02.16
© Ala D'Amico, 2016

02/06/2017

Madame Figaro, 01/06/2017
À la frontière des arts

Valery de Buchet

Voilà un espace artistique qui joue des amitiés, des connivences et tisse ses fils au cœur de Montparnasse. Plus un lieu de rencontres et de croisements qu'une galerie, La Frontiera est animée par Beatrice Caracciolo - artiste et photographe -, entourée d'amis artistes - Nathalie Heidsieck de Saint Phalle, Parme Baratier et Isabelle Menu. Le quator s'est donné pour mission d'inviter ses coups de cœur et des jeunes talents. Prochaine exposition : « Fragments ». Une libre collecte autour de la peinture de l'espace intime, réel ou inventé, avec Ala D'Amico, Thomas Hauser, Sabine Mirlesse, Patrice De Santa Coloma (photo), Guillaume Krattinger. Comme une autodéfinition.
« Fragments ». La Frontiera, à Paris jusqu'au 12 juillet.

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Meriadeck 4, tirage cibachrome, Patrice De Santa Coloma<br>© La Frontiera, 2016
Meriadeck 4, tirage cibachrome, Patrice De Santa Coloma
© La Frontiera, 2016

28/05/2017

L'Italie à Paris, 28/05/2017
Ala D'Amico, Fragments
Exposition à la galerie La Frontiera

Par Ilaria Venneri

A partir du 30 mai 2017, la galerie La Frontiera est heureuse de présenter l'exposition Fragments.

Fragments est une collecte. Il n y a pas eu de plan d'architecte pour en construire les fondations. Les pierres ont été posées par les artistes eux-mêmes.

Un rassemblement d'aspérités minérales et architecturales lié par l'obsession commune de peindre nos espaces intimes, réels ou inventés avec la même avidité que l'enfant qui dessine sa maison dès qu'il sait tenir un crayon.

De la poussière aux gratte-ciels, chacun a choisi sa phase du chantier, sa technique d'impression pour laisser des strates, encrer, poser des pierres, monter des murs, ou s'efforcer de les faire tomber.

Née en 1985 à Rome, Ala D’Amico est diplômée de l’University of Arts London. Elle vit entre Paris et Rio de Janeiro.

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03/05/2017

Télérama-Sortir Paris, le 03/05/2017
Assaf Shoshan : Standing at the Front

Par Frédérique Chapuis

Assaf Shoshan revient depuis des années sur les lieux de sa jeunesse en Israël, pour tenter de traduire l’inextricable situation d’un territoire occupé par deux peuples. Il travaille à la frontière du perceptible. De nuit. Afin de ne laisser surgir, sous le faisceau de ses éclairages, que l’indispensable. Des vues nocturnes imposantes où le regard est stoppé dans un chemin sans issue, devant des murs barbelés. Le spectateur se retrouve aussi face au portrait d'Adi, seul et éthylique dans sa petite caravane, face au regard désespéré de Yohannes, réfugié soudanais, aujourd’hui majeur et menacé d’expulsion… Devant ces photographies, une forte impression vous envahit pour ne pas s'effacer de sitôt. A voir d’urgence.

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14/04/2017

L'Œil de la photographie, le 14/04/2017
Les Escapades nocturnes d'Assaf Shoshan

Par Jean-Baptiste Gauvin

En explorant les zones d’ombre de son pays natal, le photographe dresse pêle-mêle un portrait des no man’s land et de ses habitants. Une plongée dans l’abysse des séparations territoriales et sociales à l’œuvre en Israël.

Il avoue du bout des lèvres la joie que lui procure une virée nocturne. « Il y a un plaisir quand tu montes dans la voiture et que tu tournes la clé alors que la nuit est en train de tomber », raconte Assaf Shoshan, « puis tu pars explorer les territoires inconnus, tu pars à l’aventure ». Il concède qu’il y a aussi le frisson du danger. La nuit, on sait moins qui peut surgir, ce qui peut se passer. Il faut se faufiler, écouter, se glisser entre les arbres et les rochers.

Ces virées ont commencé il y a environ quinze ans. Le jour où il est en visite dans son pays après s’être installé à Paris, l’artiste israélien éprouve soudain l’envie de voir l’envers d’un décor qu’il connaît bien. Alors qu’adolescent il était habitué à vivre la journée – il se levait très tôt et se couchait tôt – il décide d’inverser son mode de vie : il va explorer la nuit dans cette région de son pays, dans un coin voisin du désert du Néguev, là où il a déménagé au milieu de son enfance après avoir vécu et être né à Jérusalem en 1973.

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Alors, en vagabond rêveur, le photographe capture ce qui captive son regard. Comme un insecte nocturne, il est attiré par les lumières. Souvent, elles émanent d’infrastructures qui disent en elles-mêmes la situation géopolitique de son pays : des camps militaires, des barrages, des checkpoints. Le néon blafard se mêle au clair de lune. Il surprend une esthétique de la nuit qu’il se fait fort de saisir. Il installe son appareil photo et laisse un temps de pose très long pour y révéler d’impressionnantes textures lumineuses. « Il m’arrive souvent d’utiliser un temps d’obturation de trente minutes. J’ai même été jusqu’à une heure il n’y a pas si longtemps », explique-t-il. De là surgissent des tableaux très contrastés où la lumière artificielle lutte contre la pleine nuit, où le désert d’un no man’s land s’ouvre sur une scène éclairée.

Il arrive parfois que des policiers viennent embêter le photographe. Quand il prend l’image d’un camp militaire, on lui tombe dessus, on lui demande ses papiers et ce qu’il fait ici, à cette heure de la nuit, avec son appareil à la main. « Je prends des photos de paysage », répond-t-il, évasif. Mais il n’a pas pris n’importe quel paysage : il s’est intéressé à celui qui sépare les peuples de son Etat, à celui qui dit lui-même qu’une partie des habitants n’est pas conviée à la scène politique, à celle qui décide de leurs devenirs, les territoires marqués par les conflits politiques et sociaux et les choix gouvernementaux.

Habitants de la nuit

Ainsi, à côté des paysages nocturnes, Assaf Shoshan expose des portraits d’habitants de la nuit. Ce sont des amis du photographe, des gens qu’il a rencontré au cours de ses virées nocturnes, des marginaux, qui disent quelque chose de la séparation territoriale et sociale en cours dans son pays. Il y a Adi qui attend dans son camion l’arrivée d’un ami. D’habitude, il passe la nuit à boire tout seul. Son petit frère va bientôt s’enrôler dans l’armée israélienne. Il y a David Osher qui quitte l’usine où il travaille à l’heure où la nuit tombe. Il a travaillé trente-cinq ans dans ces lieux et, bientôt, il partira. Il y a ce couple, Orly et Konda. Orly qui est morte d’inquiétude parce que Konda est sans cesse menacé d’expulsion. Et puis il y a Lishay. Lishay porte un aigle malade dans les mains qu’un Palestinien lui a confié après l’avoir trouvé dans son champ. Le rapace est peut-être infecté par la grippe aviaire. Lishay a un terrible dilemme moral : doit-il tuer l’oiseau ou le laisser vivre avec le risque de propager la maladie ? Dilemme kantien qui fait aussi penser aux dilemmes des décideurs politiques et qui trouve ici du sens dans l’ensemble d’un travail où nagent en arrière-fond le conflit israélo-palestinien et des conflits politiques et sociaux qui durent depuis près d’un siècle dans le pays du photographe.

Point de rencontre

« Il ne s’agit pas spécialement d’un événement, mais de l’ensemble des conflits qui, depuis que je suis enfant, m’ont choqué et continuent de me choquer », explique Assaf Shoshan. Il y a une partie de la population qui est invisible parce qu’elle est reléguée à la vie de la nuit, à la vie des zones désertées et pauvres et que le photographe désire mettre en lumière. Au sens littéral aussi, puisqu’en réalisant ces portraits il se fait metteur en scène et ajoute lui-même de la lumière. Il éclaire les personnages qu’il a d’abord choisis pour leur histoire et il fait en sorte de capter, dans des poses longues, l’expression authentique qui raconte, selon lui, qui ils sont. « Ces personnes ont du mal à parler d’elles-mêmes et peut-être la photographie est la meilleure façon de le faire », estime Assaf Shoshan. Dans l’exposition, il a placé des cartels seulement pour eux – non pour les paysages. Il a intitulé ses portraits des prénoms des personnages qui sont dessus. Ainsi, il crée un point de rencontre entre le visiteur que nous sommes et le personnage qui est là-bas, dans la nuit, dans le désert, en Israël. Nous comprenons d’emblée le rapport intime qui lie le photographe à ces personnes et nous sommes appelés à engager avec eux un regard ami.

Le choix du noir

Si Assaf Shoshan fige des situations en mouvement avec ses photographies et ses mises en scène, il filme ce qui est figé : la séparation sociale et la condition humaine. A la galerie La Frontiera, il présente trois vidéos au sous-sol et qui ont un lien évident avec son travail photographique. Performances filmées, elles présentent toutes les trois des réflexions autour de la notion des peuples, du vivre ensemble et de la difficulté – sinon l’impossibilité – d’avancer contre le mur des no man’s land et des zones de non-droit. L’une d’elle présente un passage piéton dans une ville. Des passants traversent dès que le feu est rouge pour les voitures. Mais d’autres piétons restent sur le bas-côté. Ils attendent. Ce sont tous des immigrés éthiopiens juifs, ceux qui rencontrent souvent des difficultés à s’intégrer dans la société israélienne, ceux qui sont parfois exclus, ceux qui sont parfois séparés du reste de la communauté. En les montrant interdits de traverser un simple passage clouté, Assaf Shoshan éveille l’indignation du spectateur en une démonstration par l’absurde. Pourquoi eux et pas les autres ? Pourquoi sont-ils empêchés d’aller vers nous, d’aller de l’autre côté de la route, là où l’artiste a installé sa caméra ? De faire ce mouvement si simple et quotidien ? Ces si petits pas ?

Une autre vidéo suggère peut-être, quant à elle, quelque chose à propos de la condition humaine. En suivant le mythe de Sisyphe, Assaf Shoshan a filmé un homme en train de courir, mais qui fait étrangement du surplace. Il le filme en contre-plongée, cachant à l’image le tapis roulant qui a servi à sa mise en scène. Le coureur fait du surplace au beau milieu d’un désert, mais il y a quelque chose qui change quand même autour de lui : la lumière. Le coureur passe du jour à la nuit et de la nuit au jour. S’il n’avance pas vraiment, au moins a-t-il le choix de la lumière. Il peut décider d’être éclairé ou non. De courir à l’ombre ou à la lumière. Et d’éclairer, peut-être, sa condition. Vient alors à l’esprit cette formule de Victor Hugo : « Si nous ne méditons pas, nous sommes dans l’aveuglement. Si nous méditons, nous sommes dans l’obscurité. Nous n’avons que le choix du noir ».

Jean-Baptiste Gauvin

Jean-Baptiste Gauvin est un journaliste, auteur et metteur en scène qui vit et travaille à Paris.

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Sans titre<br>© La Frontiera, 2016

28/03/2017

FIGAROSCOPE, le 28/03/2017
La Frontiera, rencontres au cœur de Paris

Par Sophie De Santis

Planquée derrière le boulevard du Montparnasse, au détour de la rue Bréa, la rue Chaplain en forme de coude n'a l'air de rien. Tranquille, presque villageoise. Pourtant, en s'avançant, on aperçoit l'enseigne discrète du MK2 Parnasse et, juste à côté, une haute façade blanche avec une simple inscription en lettres capitales rouges La Frontiera. On sonne.

Aux frontières de l'art. Derrière la porte un impressionnant volume blanc au parquet de bois ancien et une longue table d'hôte et bancs en chêne brut, pièce centrale de ce nouveau lieu d'art. C'est autour de cette table que tout se passe. Beatrice Caracciolo, visage sec, longs cheveux d'aventurière, bracelets et bijoux ethniques, raconte avec un brin d'ironie l'histoire des lieux. «C'était un studio de danse russe et même de pole dance au sous-sol.» Après transformation et réaménagement des espaces, le white cube ressemble en apparence à une galerie. «Mais ce n'est surtout pas une galerie», se défend avec un léger accent Beatrice, Napolitaine installée depuis plus de 35 ans à Paris. Alors, quelle est la vocation de La Frontiera? «C'est un lieu de rencontres où se croisent des artistes», résume-t-elle sobrement.

Expos, concerts, lectures. Beatrice Caracciolo - elle-même photographe (elle a exposé chez Almine Rech) - s'est entourée d'amis artistes: Nathalie Heidsieck de Saint Phalle, Parme Baratier et Isabelle Menu. Compagnons de route, ils ont pour objectif de réunir ici plusieurs fois par an leurs coups de cœur, en privilégiant des jeunes talents découverts au fil de leurs voyages, et de faire vivre leurs réseaux. La prochaine conférence aura lieu le 20 avril à 19 h avec l'ancien reporter Olivier Weber.

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Assaf Shoshan sur les cimaises. Le photographe israélien, 43 ans, à Paris depuis seize ans, continue de voyager dans son pays natal, abordant les frontières avec l'Égypte et les territoires palestiniens. «Ce qui m'intéresse, ce sont les conséquences sur la vie quotidienne de la situation socio-politique», explique Shoshan, qui réalise des portraits de migrants dans des zones de non-droit. Mais aussi des vidéos, mettant en scène des réfugiés soudanais, butant sur des barrières invisibles au milieu du trafic urbain. Les paysages secs de camps militaires, les personnages plongés dans l'obscurité, prennent une dimension mystérieuse presque théâtrale.

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La Frontiera (Paris Vie), « un lieu de rencontres où se croisent des artistes »<br>© Thomas Fliche/Le Figaro, 2017

17/03/2017

ART ABSOLUMENT n°76, 17/03/2017
Assaf Shoshan, Territoires
et passages arrachés

Par Chris Cyrille

Standing at the front peut se traduire par « rester devant ». Et exprime l'impossibilité d'aller au-delà, de faire le mur et de passer à travers, de passer en-dessous et de se faufiler parmi le ventre de la terre complice. Ce titre est celui qu'a choisi le photographe et vidéaste originaire d'Israël Assaf Shoshan pour son exposition à La Frontiera, nouveau lieu consacré aux images à Paris. Lourde comme une pierre, cette phrase décrit aussi la situation des territoires habités à la marge des frontières israéliennes. C'est d'ailleurs en questionnant son pays d'origine que l'artiste en est venu à arpenter les « à-côtés » d'une nation encore inégalitaire.
Unknow village est une vidéo tournée par l'artiste avec des bédouins sur leur lieu de vie, dans le désert de Néguev dans le sud d'Israël. Un à un, ils s'enfoncent dans une tente, comme une tâche précaire et camouflée dans un désert immense, sans que personne n'en ressorte. Exclus du centre, leur condition s'arrime à l'attente d'un passage qu'on leur refuse, celui qui débouche vers une terre riche de possibilités et d'humanité. Elle renvoie aux mythes d'Israël et à la condition des migrants qui y achoppent, à la tragédie de vies en attente dans ces territoires fantomatiques.

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Art absolument<br>© Art absolument, 2017

01/03/2017

Bon temps, printemps 2017
Espace La Frontiera

Par Pascal Sanson

L'exposition « Standing of the front » d'Assaf Shoshan revient, sous la forme d'un journal photographique, sur le rapport contrarié qui le lie à son pays d'origine Israël. Une réflexion sur la notion d'exil.

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Bon temps magazine<br>© Bon temps, 2017